nouvel épisode le 23 mars 2023

J’étais encore capitaine de police en 2012, lorsque deux jeunes cadres administratifs du ministère de l’intérieur tentèrent de me convaincre que Philippe Pétain méritait d’être loué, car il aurait sauvé les Juifs de nationalité française, quand les 16 et 17 juillet 1942, la Police nationale rafla à Paris 13 000 personnes, dont 4 000 enfants, qui furent ensuite conduits au Vernichtungslager [camp d’extermination] d’Auschwitz, où 99 % d’entre eux ont été assassinés. Tel est le niveau de révisionnisme au sein d’une coterie de fonctionnaires censés gérer la sûreté en France. Le vice est moins dans le simple antisémitisme que dans le nationalisme et la loyauté absolue à l’État, de ronds de cuir d’extrême-droite.
Voici quelques cas pratiques. Une majorité de Français est actuellement indignée qu’Emmanuel Macron tente d’imposer, sans accord du parlement, une réforme néolibérale des retraites. Une nouvelle vague de grèves et de manifestations éclate à travers le pays le 23 mars 2023. 425 personnes sont interpellées mais seulement 52 sont ensuite poursuivies pour diverses infractions, comme outrage à agent de la force publique, une incrimination bien pratique et usée jusqu’à la corde. 373 arrestations sont simplement illégales. Une telle répression est inacceptable dans une prétendue démocratie.
Lors de précédentes manifestations à Paris le 20 mars, des témoins sont parvenus à enregistrer les propos de policiers contre des personnes détenues illégalement et même battues dans la rue, ont remis ensuite le document aux médias
Ces exemplaires flics français sont membres de la BRAV-M, une unité de maintien de l’ordre à moto, qui a été formée à Paris en mars 2019, afin de réprimer les Gilets Jaunes

Dans le contexte du mouvement social des Gilets Jaunes, la BRAV-M fut la résurrection d’une précédente formation de maintien de l’ordre, les voltigeurs, qui fut dissoute après qu’un jeune innocent, Malik Oussekine, eut été battu à mort le 6 décembre 1986. Je suis devenu inspecteur de police en septembre 1989, alors que le gouvernement français était socialiste.
Depuis une première réforme, qu’un gouvernement de droite mena en 1995, d’autres ensuite jusqu’à nos jours, la police française a radicalement changé, se concentre toujours plus sur le maintien de l’ordre, c’est-à-dire la répression de manifestants opposés à des réformes néolibérales, au dépens de la Police judiciaire, dont Georges Clemenceau a dit autrefois qu’elle était la seule qu’une démocratie pouvait avouer. Au dépens de l’enquête criminelle, c’est-à-dire de la justice. Ces voltigeurs modernes sont des flics bon marché, recrutés au rabais et dressés comme des chiens d’attaque, alors que les actions illégales de la Police nationale sont devenues systémiques. Après une trentaine d’années comme inspecteur de police, puis officier de renseignement en contre-terrorisme, capitaine de la vieille école, alors que les Gilets Jaunes étaient réprimés, je fus révoqué en 2020 et heureux de prendre mes cliques, après avoir déclaré publiquement que ces flics sont inaptes et lâches. Car légale ou illégale, leur violence aurait eu le mérite d’être utile, si les mêmes avaient eu le courage d’affronter cette fois là des hommes armés, le 13 novembre 2015

Dans le même registre, car je suis le dossier de très près
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