Les oeils de Moscou

ils sont partout, ils sont l’anti-France

(Klawe Rzeczy pour l’Express)

Heureux sans abonnement à l’Express, je n’ai donc pas accès à l’article, seulement un titre et un chapô, qui à eux seuls, sont une excitante source d’inspiration

Avec ou sans faux-nez, ils cherchent à dynamiter l’unité occidentale face à la folie destructrice de Vladimir Poutine. Par anti-américanisme, par haine de notre démocratie libérale, ceux que l’on surnomme les prorusses et les “idiots utiles” du Kremlin s’activent sur les réseaux sociaux et dans les sphères politiques. On les croyait condamnés au silence depuis l’invasion russe, ils n’ont jamais été aussi dangereux

Comme ils sont méchants, comme ils nous font peur ces vilains pro-russes. Comment pourrait on [on est un con, m’a t on appris quand j’étais tout petit] les condamner au silence ? Par l’accentuation de la censure sur les réseaux-sociaux ? Commandement bureaucratique d’un espace libre-échangiste subordonné à l’OTAN, l’Union européenne y songe pour ce mois d’août.

Afin de conjurer son angoisse, l’Express a décidé ici d’étiqueter les différents canaux pro-russes, de ficher leurs têtes de gondole : Henri Guaino, Jean-Luc Mélenchon, Marine le Pen, Ségolène Royal… etc Anti-américains, militaires, covido-sceptiques, hommes d’affaire, russophiles, pacifistes, extrême-droite…, les oeils de Moscou sont partout, c’est effrayant. Mais les cataloguer atténue notre malheur.

Comme dans le cas présent, les envolées lyriques partisanes me font beaucoup rire. Aussi cruels qu’ils puissent être, les faits sont plus intéressants sans fioriture littéraire. Contrairement aux personnalités politiques citées plus haut, des affects tels que le patriotisme, une forme théorisée de l’instinct grégaire, me sont étrangers quand j’analyse les faits. La justice est ma seule patrie. La guerre au Donbass commença en 2014, lorsqu’après un coup d‘État d’extrême-droite à Kiev, les nouvelles autorités décidèrent d’écraser les aspirations autonomistes de leurs citoyens russophones, où elles envoyèrent les militaires fidèles au régime et des militants nazis légalisés en bataillons nationaux de volontaires. Plutôt que de contribuer à désamorcer la crise, l’OTAN y a vu l’opportunité stratégique d’une guerre par procuration contre la Russie, dans le fantasme délirant de la démembrer un jour, pour améliorer son rapport de force contre la Chine. Alors que l’hypocrisie occidentale ne laissait aucune autre solution, l’opération militaire spéciale est devenue une nécessité technique en février 2022. La Russie a relevé le défi, s’est portée au secours de la population russophone du Donbass.

La paix était enfin possible en mars 2022, après quelques semaines seulement de combat, mais les Anglo-Américains y opposèrent leur veto. Le champ de bataille se dresse désormais entre la réalité et les fantasmes de médiocres politiciens occidentaux. À l’instar de la rédaction de l’Express, les jeunes Français me paraissent en général peu équipés pour y briller. Alors que l’OTAN perd cette guerre et accélère le déclin de l’hégémonie occidentale, justice, les journalistes de l’Express semblent peu pressés de remplacer fusil en main la chair à canon ukrainienne massacrée en vain, font le choix ancré dans une tradition bien française d’établir le fichier de leurs concitoyens pro-russes. Ils donnent leur sang, donnez votre voisin. Puisque son champ d’action demeure derrière le clavier, j’ai hâte que la rédaction s’intéresse à tous les nazis français partis en Ukraine, défendre l’Europe, la démocratie et la liberté. Quel étrange paradoxe.

Je suis assez vieux pour avoir observé les précédentes entreprises criminelles et catastrophiques des États-unis et de leurs alliés, pour tenter de préserver leur hégémonie contre un déclin mécanique et inéluctable. Je suis de ceux que les couveuses koweïtiennes et autres armes de destruction massive ont échaudés. À l’époque indépendante, la France s’opposa à l’invasion de l’Irak en 2003. Plus tard hélas, Nicolas Sarkozy fut le complice de la destruction de la Libye. Folie destructrice ? De loin le plus bête, François Hollande paya pas mal les pots cassés et quelques Français avec lui, lorsque le 13 novembre 2015, des attaques djihadistes à Paris furent l’anecdotique dommage collatéral du soutien occidental à une insurrection islamiste contre le gouvernement laïc de Syrie. Au train où vont les choses en Ukraine, ces désagréments ne sont pas finis

Selfie en septembre 2022 de mercenaires français dans les rangs atlantistes en Ukraine (réseaux sociaux nazis)

Par mon âge et mon expérience, je me targue d’une culture historique et politique supérieure à celle de l’auteur de romans policiers Charles Haquet ou l’étudiante en affaires internationales Emma Collet, qui ont commis cet article d’anthologie. Au déclenchement de l’opération militaire spéciale, voilà plus d’un an, mes sentiments étaient plus neutres. Mais à la façon dont les mêmes médias occidentaux hystériques ont encore une fois déversé des torrents de boue, mensonges, propagande ukrainienne pour demeurés et autre fantôme de Kiev, ont cherché sans vergogne à blanchir le nazisme endémique ukrainien et ses crimes de guerre, j’ai vite compris où étaient dans cette affaire le droit et la justice. D’ailleurs, l’immense majorité des vastes restes du monde est arrivée aux mêmes conclusions

Charles Haquet & Emma Collet (réseaux sociaux)

Par la bande, cet article est aussi l’authentique expression d’un pays dont le courage n’est pas la première qualité qui vient à l’esprit, quand il est évoqué à l’étranger, d’une presse à ce point servile et caricaturale, qu’un Philippe Henriot ne la renierait pas, d’un peuple à l’arrogance rurale, qui a souvent été mobilisé par sa propre frousse, une compréhension mièvre et chauvine des questions internationales. Car enfin, comme il faut être lâche et rompu aux petits arrangements d’alcôve, pour encencer en qualité de Français, un régiment Azov qui arbore fièrement le même emblème que la 2. SS-Panzer-Division, Das Reich, celle qui le 10 juin 1944, massacra 643 habitants d’Oradour sur Glane, Haute Vienne. Impensable à l’étranger.

Je vous laisse avec votre démocratie libérale, son chef d’État élu par 25% du corps électoral, ses Gilets jaunes mutilés, son 49.3 et sa presse subventionnée, elle ne m’intéresse même plus, mais fait encore plier de rire une large majorité du globe. Elle est digne de vous, journalistes de l’Express, qui méritez le respect que j’accorde aux athlètes des ronds de jambe, aucune haine, que du mépris, courtois mais profond. Vous avez au moins compris une chose, votre avenir ne se joue pas à Paris, mais sur le champ de bataille du Donbass libéré.

28 responses to “Les oeils de Moscou”

Leave a comment